La crise financière et les Haitiens de la diaspora

Les places financières du monde entier sont aux abois avec la faillite des méga-banques, des groupes mondiaux d’assurance comme la American International Group, Inc. (AIG), et les bourses des principaux marchés financiers en chute libre depuis plus d’une semaine.

A quelques exceptions près, les Haïtiens de l’intérieur comme de l’extérieur semblent prêter très peu attention à ce débâcle, certains se sentant très peu concernés et considérant l’économie en récession une affaire touchant uniquement les gros investisseurs. Ils devraient pourtant commencer à s’inquiéter car, avec l’ampleur mondiale que prenne cette crise, ils peuvent tous être, sinon emportés du moins voir leur marge de manoeuvre, en matière financière réduire considérablement jusqu’à devenir un cauchemar. À moins qu’elle soit immédiatement endiguée, les retombées sur les individus et les familles seront multiples.

Pour le moment, citons en les plus immédiates:

  1. Gèle des salaires, réduisant, leur pouvoir d’achat et leur capacité d’épargne.
  2. Licenciement en masse avec pour conséquence, si victimes, de ne pas pouvoir faire face aux obligations financières mensuelles dont le remboursement des crédit hypothécaires.
  3. Perte des investissements aux risques réduits comme les fonds de retraite.

Les Haïtiens de la diaspora surtout ceux des États-Unis et du Canada, comme d’ailleurs tous les immigrants de ces pays, seront très affectés. Leur dépendants en Haiti en seront tout aussi bien atteints, puisque avec un manque à gagner, ceux-là n’auront plus la possibilité d’envoyer à ceux-ci les réguliers traitements et transferts de fonds.

De nombreuses études et rapports montrent que ces envois dépassent de loin le montant des aides des pays donateurs et des organismes internationaux et constituent près de 25% du PNB (produit national brut) d’Haiti (Banque Mondiale. Global economic prospects 2006 : economic implications of remittances and migration).

Avec le ralentissement ou le simple arrêt de ce flux vers Haiti, des familles entières s’enfonceront encore plus dans la misère. Les envois réguliers des parents résidents à l’extérieur les avaient, jusqu’ici, protégées des tensions inflationnistes des vingt dernières années et de la dévalorisation de la monnaie nationale.

Quant aux organisations non gouvernementales (ONG) qui pullulent en Haiti et qui dépendent des largesses des philanthropes américains, canadiens, européens et de l’aide des agences de développement des géants nord-américains et européens, elles auraient de bonnes raisons d’être inquiètes, puisque la tendance récessioniste de l’économie poussera les uns et les autres à se montrer très prudents et stricts avant tout décaissement de fonds.

Malheureusement, que nous soyons à l’extérieur ou en Haiti, nous sommes impuissants face à cette crise. Nous n’avons plus qu’à souhaiter que les solutions envisagées ou appliquées par les leaders mondiaux, sur les conseils de leurs économistes, seront adéquats, et à réviser personnellement nos priorités budgétaires.

J.A.