Cynisme et opportunisme à outrance

Le cyniqueOn dit toujours qu’il faut être un cynique pour faire de la politique. Cet adage résume bien un des événements majeurs des premiers jours de ce mois de juin.

Une rencontre entre la présidence et les leaders du sénat s’est terminée sans que les partis aient trouvé une solution aux problèmes qui motivaient le déplacement, avec les représentants de chaque groupe s’invectivant et rejetant, sur les ondes, le blâme sur l’autre. Ce que le peuple a compris, c’est que les deux partis s’y sont rendus sans aucune intention de négocier les points litigieux sur les prochaines élections, l’organisme chargé de les organiser et l’Accord dit d’ « El Rancho ».

La rencontre prouve que le cynisme qui habite le cœur de nos politiciens continue à se scléroser. Elle cache également quelque chose de beaucoup plus dangereux pour la nation. Nos élus, aux postes les plus élevés de l’État, sont incapables de prendre par eux-mêmes des décisions en se laissant guider uniquement par la perspective du bien commun, le rétablissement de la souveraineté de la nation et une amélioration de la situation chaque jour plus grave de la majorité vulnérable.

Ceci, parce qu’une petite minorité de nantis ne voient que leurs propres intérêts et restent toujours à l’écoute de l’international, dirigeant de facto d’Haïti, pour les maintenir. Ces mêmes nantis et quelques intellectuels profitent également de la lassitude du peuple pour continuer à leur enfoncer le clou et s’offrir en spectacle à leurs commanditaires qui s’en régalent quelquefois jusqu’au moment où eux aussi, fatigués du drame, s’arment de leur carotte et de leur bâton pour les forcer à avancer dans le sens qui leur est indiqué et mettre fin temporairement à l’imbroglio politique. Ils réussissent souvent parce qu’ils connaissent le prix et la valeur de chaque politicien haïtien.

Le cynisme est toujours accompagné d’une certaine méchanceté et d’élans l’opportunistes. Dans le cœur de nos politiciens s’étale cette méchanceté et leurs actes reflètent souvent un opportunisme patent. Ils se moquent du peuple. Ils laissent pourrir des situations au début pas trop compliquées. Il compliquent des situations dont les solutions sont évidentes. Se faisant, on a l’impression qu’ils en trouvent un malin plaisir. Les tableaux dépeignant ces situations de méchanceté pourraient à eux seuls former une galerie bien achalandée.

Quant à leur opportunisme, on peut dire sans risque de se tromper que leurs « casaques » se portent aussi bien à l’endroit comme à l’envers. D’où le drame. Un drame qui n’a que trop duré.

Le peuple haïtien mérite mieux. Le peuple haïtien mérite, en dehors de la satisfaction de ses besoins les plus élémentaires, un grand RESPECT, non le rire, l’insulte, la provocation et les activités ludiques à répétition, tous des exutoires employés par nos cyniques et nos opportunistes.

Qu’ils ne s’étonnent donc pas si celui-ci leur rende la pareille en leur montrant lui aussi son côté cynique lors des élections, exhibant son désabusement, sa désillusion, sa méfiance.

J.A.