Leslie François Manigat est parti. PAIX À SON ÂME!

manigat_nouvelPendant une semaine son décès semble avoir réuni les différentes factions de la classe politique et de la société civile qui ne tarissaient pas d’éloges sur cet illustre historien et politologue. Il les mérite bien, ces éloges. Ses funérailles célébrées chez les Frères de l’instruction chrétienne à Delmas le samedi 5 juillet ont rassemblé leurs représentants.

On avait un peu l’impression d’assister à une réunion autour des dépouilles d’un patriarche qui, en vertu de sa sagesse et de son franc-parler, offusquait quelquefois ses frères, ses enfants et ses petits-enfants. Devoir de famille ou, comme on dit chez nous, « pour la société », ils se sont quand même retrouvés pour le dernier adieu proclamant haut et fort que l’homme auquel ils ont voué un grand respect appartenait à la famille, ou, dans le cas de Leslie Manigat, « au pays ». Une fois le deuil terminé, ils reprendront probablement leurs armes favorites pour cibler ceux et celles à qui il a légué son héritage ou qui se réclament de lui en brandissant l’étendard de ses idéaux.

Homme politique bien conscient des mesquineries de la politique partisane, des possibilités des coups bas au nom des intérêts nationaux de ceux qui se présentent comme des amis, des coups de poignard dans le dos des gens d’affaires, et de la présence permanent d’agents des forces des ténèbres qui assimilent les désirs de leurs supérieurs hiérarchiques à des ordres, il savait que les hommages rendus en la circonstance sont des feux de paille. Il doit bien en sourire si la possibilité lui est offerte.

Manigat est parti la tête haute malgré les déconvenues de l’année 2006 et la grande gaffe de 1988. Combien des élus et des membres influents de la société civile présents réunis lors des funérailles auront cette même démarche au soir de leur vie?

Certains iront dans le plus grand anonymat. D’autres auront certes droit à un entrefilet dans les journaux et une petite annonce sur les réseaux sociaux. Très peu, qu’ils militent encore en Haïti, ou vivent confortablement dans des enclos résidentiel [gated communities] de l’Amérique du Nord, auront l’allure de Manigat et droit au même respect.

Nous espérons, en attendant ce moment, qu’ils prendront le temps de méditer un peu certaines facettes de sa vie et raffiner un peu leurs convictions. Comme le dit le notaire Ernst M. Avin, un ami de longue date, « Avec lui, on savait avec qui on avait à faire. »(1)

Leslie François Manigat, tu es parti, PAIX à ton âme! On ne pourra jamais t’accuser d’avoir contribué aux malheurs de ce pays que tu aimais tant.

J. A.
Boston, 6 juillet 2014

  1. « Ce que vous ne savez pas sur le professeur Leslie F. Manigat » Propos recuellis par Robenson Geffrard et décryptés par Martine Stavius Nouvelliste (Haiti). Publié le mercredi 3 juillet 2014. Dernière visite : 6 juillet 2014. .