Où sont-ils aujourd’hui?

corruptionIls formaient, à l’époque, la plus puissante coalition de notre « société civile ». Ils étaient dominés par de grand ténors de l’élite économique qui avaient soutenu les auteurs du coup d’état de 1991 et arrivaient à convaincre et à avoir le support d’une élite aux connaissances purement scolastique et intellectuellement non-rigoureuse. Ils recevaient la bénédiction des gouvernements américain, canadien et de quelques pays européens. Ils voulaient à tout prix déstabiliser le gouvernement d’alors. Il s’appelaient le « groupe 184 » .

Trouvant un prétexte dans les allégations de fraudes lors des législatives de mai 2000, ce groupe utilisait alors tous les moyens pour se faire entendre et triompher allant des mensonges aux manifestations de rue, du financement des groupes paramilitaires à la provocation des démunis des quartiers populaires, du sabotage du bicentenaire de notre indépendance au chantage éhonté.

Et comme par enchantement, les 184 ont disparu au lendemain du 29 février 2004.

Ou sont-ils aujourd’hui?

Il avait fallu beaucoup moins en 2000 pour que ce ramassis de personnalités, d’associations et de groupements aux origines et aux objectifs disparates s’active et se remue causant des torts irréparables au pays.

Ce fut une autre époque. Aujourd’hui, la majorité des dirigeants haïtiens furent proches des 184 ou partageaient leur vue.

C’était une autre époque. Comme l’observa Lyonel Trouillot dans un texte publié le 9 novembre dans le Nouvelliste*, son ami [membre des 184] n’avait descendu qu’une fois dans les rues. Il ne voulait pas alors « être dirigé  par ces gens-là » « aux origines douteuses » qui « se sont trop approchés du pouvoir ». Aujourd’hui donc, il n’a aucune raison de se manifester publiquement, même quand une force étrangère nous éclabousse chaque jour; même quand la communauté internationale nous impose nos propres dirigeants; même quand les représentants de l’OEA se comportent en proconsuls allant jusqu’à suggérer à un président de s’exiler quand il questionne les recommandations de son organisme. Non, l’ami ne voit aucune raison de s’exposer. D’ailleurs, il peut aujourd’hui facilement arpenter les couloirs des ministères, obtenir des privilèges tarifaires difficilement imaginables et même ne pas payer l’intégralité de ses impôts sans pourtant être dérangé. Alors pourquoi aujourd’hui dénoncer les fraudes électorales au détriment de « ces gens-là ».

Les meneurs du groupe des 184 sont bien présents et continuent à s’enrichir. C’était d’ailleurs leur but en 2003 et 2004. C’est leur objectif aujourd’hui. Leur passe-droits ont été rétablis et renforcés, alors pourquoi s’inquiéter? L’attraction de cette démocratie qu’ils disaient défendre dans les premières années de la dernière décade s’effrite. Ils ont alors précipité leur « caravane d’espoir » dans les falaises du « je m’en fous ». Et leur projet de contrat social est complètement oublié.

J.A.

*Trouillot, Antoine Lyonel. « Mon Ami : Bloc-notes. » Le Nouvelliste. N.p., 9 Nov. 2015. Web. 2 Dec. 2015. [http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/152192/Mon-ami].