Drôle de leaders!

Juge Cantave prêtant serment comme président de la Cour de Cassation, 9 mars 2015N’ayant aucun sens de l’opportunité, ou ignorant les enjeux du moment, ou encore incapables de lever le voile épais et lourd de leurs intérêts personnels et claniques, la majorité de nos leaders, qu’ils soient « élus » ou promus, ont une drôle de façon de s’empêtrer, et par ricochet, nous empêtrer en inventant de pseudo-problèmes.

Les difficultés que traversent nos compatriotes, qu’ils soient encore debout dans la péninsule du Sud après le passage de l’ouragan Matthew, ou rampant sous toutes les frontières de l’Amérique centrale dans l’espoir de trouver un endroit accueillant capable de les offrir des lendemains meilleurs, sont ignorées. Le relèvement du pays, cible constant d’une nature déchaînée, n’est plus une préoccupation et les inquiétudes autour des prochaines élections s’évaporent. Ils ne pensent alors qu’à faire du marronnage, qu’à nuire, qu’à revendiquer au risque de perdre cette mince frange d’honneur qui leur reste.

On l’a vu cette semaine avec une résolution de la Cour de Cassation revendiquant, au nom de l’article 149 du texte original de la Constitution de 1987*, la présidence. Ainsi, les juges suprêmes dont la responsabilité les commande de rester au-dessus du bourbier politique non seulement s’y enfoncent jusqu’au cou, mais le rendent encore plus nauséabond en y ajoutant leurs propres ordures.

On l’a vu avec le tollé fait autour de la présence d’une poignée de militaires Dominicains accompagnant le convoi d’aide de leur pays. Ils firent alors usage d’un sophisme voilé de nationalisme alors que ces mêmes leaders ne se gênent jamais, quand ils veulent se faire élire ou pérenniser leur pouvoir, d’arpenter les couloirs des ambassades des puissances nord-américaines ou française. Certains se font même remarquer dans la capitale américaine dans l’espoir d’être reçus par les grands décideurs du Département d’État ou du Congrès américain.

On l’a vu avec le refus presque morbide ou totalement insensé de certains parlementaires de se présenter à la chambre pour ainsi permettre le déroulement d’une Assemblée nationale, et ce à plusieurs reprises.

Un étranger qui s’est porté volontaire pour aider les sinistrés du cyclone Matthew affirme n’avoir jamais vu tant de destruction et de désolation. Ceux qui inventent des pseudo-problèmes pour détourner l’attention sur leurs méfaits, leur irresponsabilité, leur cupidité devraient peut-être laisser, dans leur placard, leur veste, leur cravate et leur chapeau de laine, pour se chausser de bottes lourdes, se vêtir de salopette de travail et se rendre dans la péninsule du Sud, non seulement pour observer mais pour aider et mettre la main à la pâte. Ils auront peut-être le respect du peuple et des sinistrés quand ils reviendront chez eux avec leurs bottes encroûtées de boue, leur salopette entachée, et leurs mains calleuses.

En attendant qu’ils donnent un répit à nos ingénieux compatriotes qui en ont assez du bourbier et qui essaient d’en sortir par leurs propres moyens.

J.A.

  • La constitution a été amendée en 2011. L’article 149 du texte original a été révisé.