9110.- Le Football Haitien

Classification Sports et Loisirs

 

La sélection nationale de football de 1974

Section I

Le Football Haïtien
Un Survol Historique

L’histoire de l’implantation du football en Haiti est plutôt floue. On se demande bien si les immigrés européens l’avaient introduit dans le pays. Qu’on se souvienne de ces ressortissants allemands, français, anglais qui s’établirent en Haiti au XIXe siècle avec l’unique intention de s’enrichir. Ils avaient pourtant besoin, de temps en temps, d’un peu de distractions et le pays offrant très peu d’options en termes de loisir; il se peut qu’ils jouassent au football. Les Américains, durant l’occupation, en faisaient de même avec le baseball. Contrairement au baseball qui laissa les Haïtiens indifférents, le football européen suscita la passion chez eux.

Tout au début du XXe siècle, on jouait au football non seulement à Port-au-Prince, mais aussi dans certaines villes de provinces. En fait le premier match de football officiel opposait une équipe de Port-au-Prince, l’USH, à une équipe venant de Port-de-Paix, l’Union Athlétique. La rencontre eut lieu à Port-au-Prince et se termina par une victoire de l’équipe port-au-princienne sur un but à zéro.

La veille de cette rencontre inédite, le quotidien Le Nouvelliste, dans un article, essaya d’expliquer aux nouveaux adeptes de ce sport, la différence entre le rugby qui était probablement pratiqué par les immigrés et le football1. Le même quotidien, trois jours après la rencontre, en présenta un long compte-rendu2 et un reportage3 et nota l’intérêt manifeste du public.

On peut donc penser que le peuple haïtien s’intéressa non seulement à ce sport, mais aussi le pratiqua, malgré les crises politiques qui ont marqué les deux premières décades du siècle. En fait, immédiatement après ce match, des équipes se sont formées sans toutefois laisser de traces, et ce, jusqu’en 1918, avec la fondation du Violette suivie cinq ans après par le Racing. On assista alors aux premières rivalités entre des clubs de football.

En ce temps-là, les équipes existantes faisaient partie d’une corporations dénommée « Union des Sociétés Sportives Haïtienne » (USSH) qui en 1934 fut rebaptisée Fédération Haïtienne de Football Amateur. Elle devint cette année-là, un des membres de la Fifa. Plus tard,  elle fut l’une des fondatrices de la Concacaf.

Parce que ce sport faisait vibrer le peuple, les gouvernements qui se sont succédé, de Sténio Vincent à Jean-Claude Duvalier, ont tous voulu le mettre sous tutelle, se proclamant parfois « protecteur de ce sport-roi », François Duvalier par exemple, en fera un contrôle totalitaire en plaçant des fidèles de son régime à la tête de la Fédération haïtienne4. Paul Eugène Magloire fit construire un stade qui porta son nom. Ce dernier fut rebaptisé, en 1958, Stade Sylvio Cator, du nom d’un illustre athlète Haïtien.

Après le carnaval, le football devint l’activité ludique où les gens du peuple côtoient sans complexe les membres de l’élite. Toutefois, malgré cet enthousiasme manifestement populaire, les équipes haïtiennes et la sélection n’arrivent jamais à rivaliser celles de l’Europe ou de l’Amérique latine. Certes, la sélection a connu quelques moments de gloire, mais n’a jamais pu se hisser au haut des palmarès dans les compétitions internationales. Par exemples :

  • Au niveau régional, elle remporta en 1957, la coupe de Confédération Centraméricaine et Caribéenne de Football (CCCF), une précurseure de la CONCACAF.
  • En 1974, elle participa à la Coupe du Monde de Football tenue en Allemagne. Échouée dans un groupe impitoyable, elle n’a pas pu résister aux assauts des sportifs aguerris de l’Italie, de la Pologne et de l’Argentine, quoique, elle créa la surprise en ouvrant le score face à l’Italie avec un gardien, Dino Zoff, qui n’avait pas encaissé un but pendant 1143 minutes avant ce match. Emmanuel Sanon fut l’homme du moment.
  • En 2016, elle participa à la Copa America, Edition du Centenaire, sans remporter une victoire.
  • En 2023, ce fut le tour de nos Grenadières de participer à une coupe du Monde.

Aujourd’hui, le football haïtien est à l’image du pays, déboussolé, désorganisé, avec un leadership devenu objet de scandales.

  1. «  Chronique Sportive » Le Nouvelliste, Port-au-Prince, 7e Année, No. 1986, Samedi 1er avril 1905, pp. 1-2.
  2. « Match interclub » op. cit. no. Mercredi 5 avril 1905, pp. 1-2.
  3. « Le match du dimanche » op. cit.  Mercredi 5 avril, p. 2.
  4. Dumont, Patrice. François Duvalier et le football haïtien: un contrôle totalitaire. Port-au-Prince: JEBCA Editions, 2015.

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Date de création: 16 mai 2015
Date de révision : 22 juillet 2023