6430.011.- Profil de Yvon Neptune, premier ministre (2002-2004)

Classification Histoire et Société

Yvon Neptune premier ministre d'HaitiNé à Cavaillon (Département du Sud), le 8 novembre 1946, Yvon Neptune, président du Sénat haïtien au moment de sa nomination à la tête de la primature, fut le onzième premier ministre d’Haiti.

Marié et père de deux enfants, il fit ses études secondaires d’abord chez les Frères de l’Instruction Chrétienne (FIC), puis au Lycée Philippe Guerrier des Cayes et au vénérable Lycée Alexandre Pétion de Port-au-Prince. Il étudiant également à la Faculté des Sciences de l’Université d’État d’Haiti et à l’Institut de Technologie de New-York.

Résident pendant près de deux décades aux Etats-Unis, l’ancien premier ministre fut employé, en tant qu’architecte, par la firme américaine Emery Roth and Sons, firme responsable de l’architecture de la plupart des fameux édifices et gratte-ciels de la ville de New York dont les fameuses « Tours Jumelles » (World Trade Center), détruites le 11 septembre 2001 suite à une attaque terroriste.

Il s’est toujours intéressé aux communautés où il a vécu. Il fut de ceux qui, à travers ses programmes de radio, dénonça le coup d’état du 30 Septembre 1991, soutint et invita les Haïtiens de la diaspora à soutenir le gouvernent en exil. Sa rencontre avec Jean-Bertrand Aristide date de cette période, et il en devint un des nombreux conseillers. Lors du retour de ce dernier le 15 octobre 1994, il fut du nombre de ceux faisant partie de sa suite.

Dès lors, son ascension au sein du parti Lavalas fut sans conteste et fulgurante. Il fut le porte-parole du parti avant d’en devenir le représentant ad interim. Candidat au Sénat aux élections du printemps de l’année 2002, il fut élu dès le premier tour, et une fois installé, on fit de lui le président de ce grand corps. Considéré comme un dur à cuire par ses adversaires politiques, il fut admiré, du moins en public, par ses pairs au parlement.

Choisi le 4 mars 2002, par le président Jean-Bertrand Aristide, pour remplacer Jean-Marie Chérestal au poste de premier ministre, il fut ratifié par le Parlement le 12 mars, et présenta le programme de son gouvernement le jour suivant.

Quoique ses collègues parlementaires fussent convaincus que, de tous les lavalassiens, il était le mieux armé pour faire face à la situation de crise et d’impasse dans lesquelles se trouve Haiti, sa nomination fut critiquée par les partis et les groupes de l’opposition. D’autres attribuait même sa désignation à « un manque de compréhension du moment politique et de la gravité de la crise. » (propos de Gérard Pierre-Charles rapportés par Haiti Presse Network le 5 mars 2002).

Dans la présentation du programme de son gouvernement devant les parlementaires le 14 Mars, le premier ministre dressa un tableau sombre de la réalité haïtienne et se montra réaliste. Il s’est tout de même engagé à gouverner de manière saine et à lutter contre la fraude et la corruption.

Malheureusement, il dédia les deux années passées à la primature à gérer la crise institutionnelle et politique qu’il hérita et à affronter une opposition inflexible. Celle-ci finit par remporter le bras-de-fer à la faveur d’une insurrection née aux Gonaives le 5 février 2004 et la réapparition des membres des Forces Armées d’Haiti (dissoute par simple décret en 1995) qui mirent en déroute les policiers des villes du Cap-Haïtien et de Hinche, et s’en accaparèrent, ce qui précipita le départ du président Aristide au matin du dimanche 29 février.

Par quelques indigestes stratagèmes des puissances occidentales, de l’ONU et de l’OEA, Neptune conserva son poste de premier ministre jusqu’à la nomination, le 9 mars, de l’ancien ministre des Affaires Étrangères du gouvernement de Leslie François Manigat, Gérard Latortue, qui résidait alors en Floride, USA.

Demeuré au pays, il fut soupçonné, quelques mois après, par la Coalition Nationale pour les Droits des Haïtiens (une puissante mais très partisane organisation de droits de l’homme), d’implication dans un massacre qui aurait eu lieu à Saint Marc par les partisans de son gouvernement en février de l’année 2004. Il fut donc mis aux arrêts, le 27 juin, après s’être lui-même livré à la police qui avait émis à son encontre un mandat.

D’aucuns assimilèrent son arrestation à un un projet d’élimination sinon physique mais politique des cadres de Lavalas. Ils étayèrent leurs thèses par le fait qu’aucune charge n’a été retenue contre lui et ce, après des mois d’emprisonnement.

Durant une invasion du pénitencier national où il croupissait, le samedi 19 février 2005, Yvon Neptune et autres prisonniers politiques se retrouvèrent, malgré eux, sur le pavé. Il a dû solliciter la médiation et la protection de l’Ambassade du Chili à Port-au-Prince pour regagner sa cellule. les causes de cette invasion qui avait bafoué toute la société haïtienne et les observateurs internationaux n’ont jamais été rendues publiques.

Après l’incident du 19 février, l’ancien premier ministre avait entamé à deux reprises une grève de la faim pour protester contre sa détention et demander sa libération immédiate et sans conditions. Il n’obtint satisfaction que le 27 juillet 2006.

Politiquement timide après sa libération, il se dissocia du grand courant Lavalas et fonda son propre parti « Haïtiens pour Haïti ». Ses sorties furent plutôt décevantes. Le 5 mars 2013, il décida finalement d’accrocher ses patins en faisant ses adieux publics à la politique et, depuis lors, on n’a pas tellement de ses nouvelles jusqu’au samedi 26 novembre 2016, près d’une semaine après des élections présidentielles et législatives. En ce jour, il devint une des victimes d’une attaque armée par des gens qui rançonnaient les automobilistes sur la route nationale No 1 au niveau de Saintard, une commune de l’Arcahaie (Département de l’Ouest). Il s’en sortit avec des blessures.

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Date de création: 13 mars 2002
Date de révision : 28 avril 2022