Le « tèt ansanm », la clé de notre réussite

Travailler la main dans la mainLes Haitiens ont fait 1804 sans le concours d’aucune puissance étrangère de l’époque. Ces dernières n’avaient d’ailleurs aucun intérêt à venir en aide à d’anciens esclaves ou d’affranchis qui non seulement remettaient en question le système sur lequel reposait leur économie et ébranlaient les thèses racistes de l’époque, mais aussi et surtout voulaient se défaire entièrement d’un gouvernement colonial, modèle de tous les gouvernements coloniaux du début du 19ème siècle, et prendre en main leur propre destinée.

Les Haitiens ont fait 1804, parce qu’ils avaient compris que les enjeux de leurs actions étaient trop importants pour ne pas réussir. Tout échec conduirait inexorablement à leur annihilation ontologique, et que pour réussir l’union de ceux et celles qui aspiraient à la liberté, au delà des barrières épidermiques et économiques, s’avérait indispensable.

Ils se sont unis. Audacieux et astucieux, ils en sont sortis victorieux!!!

Depuis lors, les rares grandes gestes historiques ne furent possibles que quand les fils et filles de ce pays prirent la peine de s’unir ou se laissèrent imprégner des idéaux de Dessalines, de Christophe, de Pétion. De nombreuses catastrophes survinrent quand ils ont refusé de s’asseoir autour d’une même table, compromettant plus d’une fois cette indépendance chèrement acquise.

A quelques jours du Bicentenaire de la proclamation de l’Indépendance d’Haiti, les Haitiens ont plus que jamais besoin de comprendre que les puissances d’aujourd’hui n’ont aucun intérêt à vraiment voler à leur secours. Les intérêts nationaux passent avant toute action philantropique ou geste humanitaire. Certaines profitent même de la misère du pays pour réveiller certaines hibernantes thèses racistes; à d’autres, sa situation politique confuse et sa désastreuse économie permettent de mieux tirer les ficelles de la diplomatie et de faire chanter ses politiciens et son élite.

Avant toute grandiose célébration du Bicentenaire de l’Indépendance, les Haitiens de toutes les couches sociales et idéologies ont vraiment besoin de reparcourir les étapes conduisant à 1804, et de faire de l’année 2004, une ré-édition politique de cette inédite épopée. Les enjeux sont tout aussi importants.

J.A.